Philoland est un pays auquel on accède en philosophant ou en pensant, théoriquement accessible à tous. Sa géographie ressemble à celle de nos pensées. Il s’agit donc d’un pays aux mille visages, qui se modifie pour satisfaire les réflexions et les rêves de chacun.

Le LIVRE DES PHILOSOPHES

Le guide essentiel
Pour tout savoir sur les philosophes et, surtout, comment les trouver.




Ce blog traite dans une large mesure de Philosophie, et le cliqueur découvrira dans ses pages une bonne part de son caractère et un peu de son histoire. On pourra trouver d'autres renseignements dans les extraits du Livre "Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (titre parfois abrégé en Vies des philosophes") de Diogène Laërce qui est l'une des seules traces de nombreux philosophes grecs anciens. 

La présente histoire a pour origine les premiers chapitres de ce livre, puisque l'œuvre relève à la fois du genre des successions (filiations des philosophes), des écoles (classement des écoles et exposé des doctrines) et des vies.  Diogène  Laërce commence par  retracer la vie du philosophe, avec une abondance d'anecdotes diverses, qui retracent notamment les relations qu'il aurait eues avec les autres philosophes. Suit une liste des œuvres, les circonstances de la mort, et une épigramme composée par lui-même. 
Mais maints cliqueurs voudront sans doute en savoir dès l'abord davantage sur ce peuple remarquable vivant à Philoland; certains peuvent aussi ne point posséder le Livre. A l'attention de telles personnes, nous réunissons ici quelques notes sur les points les plus importants de la tradition philosophique, et nous rappelons brièvement la première aventure.

 Un philosophe, c’est quoi ?

Que savez-vous des Philosophes ? Vous vous posez sûrement des questions. Les images et les pensées que ces êtres évoquent sont pour la plupart effrayantes.



Etres issus de la légende et du folklore, les premiers philosophes ont inspiré des histoires et des croyances, transmises oralement d’une génération à l’autre, que la culture populaire a absorbée

                Quant aux philosophes, dont il s’agit dans ces récits, ils étaient, du temps de leur paix et de leur prospérité, de joyeuses gens. Ils se vêtaient de couleurs vives et affectionnaient particulièrement l’omophorion, sorte de manteau court dans lequel on se drape et fermé par les épingles ; mais ils portaient rarement des chaussures, leurs pieds  ayant la plante dure comme du cuir.



Leur visage était en générale plus aimable que beau, large, avec les yeux brillants, les joues rouges et la bouche toute prête  au rire, au manger et au boire. Et, pour ce qui était de rire, de manger et de boire, ils le faisaient bien, souvent et cordialement, car ils aimaient les réceptions, sorte de fête mondaine dans laquelle on boit généralement plus qu’on ne mange, plus communément appelé Banquet, dont le plus fameux eut lieu en -416 (cf: Le Banquet, Platon)


Il est clair qu’en dépit d’un éloignement ultérieur, les Philosophes nous sont apparentés : ils sont beaucoup plus proches de nous que les philosophes actuels, car ils parlaient autrefois la langue des hommes à leur propre façon, et leurs goûts étaient très semblables  à ceux des hommes dans leurs inclinations ou leurs aversions. Mais il est impossible de découvrir aujourd’hui notre relation exacte. 


Etaient-ils humains ?

L’origine des philosophes remonte très loin dans les temps anciens, presque perdus et oubliés. Seul un ouvrage de Diogène Laërce, écrit à une date incertaine (au plus tôt au début du IIIe s de notre ère, peut-être bien plus tard) conservent encore des annales de cette époque évanouie. Il est cependant clair que les philosophes avaient, en fait, vécu tranquillement durant de longues années avant que d’autres n’eussent  même conscience de leur existence (on dit que  chez les Perses, les Mages Zoroastre , Ostanas, Astrampsychos, Gôbryas, Pazatas furent philosophes)
Il y eut aussi les  Babyloniens, Assyriens, Chaldéens, Indiens gymnosophistes ainsi que les Druides celtes et gaulois . Mais du temps de Socrate et de son héritier Platon , ils devinrent soudain, malgré eux, importants et renommés, et ils troublèrent les conseils des sages.


 Les Sept sages,  titre donné par la tradition grecque à sept anciens hommes politiques, législateurs ou philosophes pré-socratiques, connus pour leur sagesse et leurs proverbes et maximes mémorables, était un conseil d’hommes aux pouvoirs physiques et métaphysiques nettement supérieurs à la vile multitude populaire , ainsi formaient-ils  entre eux une association amicale des plus grands penseurs, surentraînés depuis des années étroitement unie à Delphes pour offrir leurs devises au dieu Apollon : voici la liste des « immortels » aux noms changeants. (À l'égard de leurs maximes, les sentiments sont aussi partagés; on attribue aux uns ce qui passe pour avoir été dit par d'autres).
·                     ·         Solon d’ Athènes : »rien de trop »
·                     ·         Chilon de Sparte «  Connais-toi toi-même »
·                     ·         Thalès de Milet
·                     ·         Bias de Priène : »trop d’ouvriers ruinent l’ouvrage »
·                     ·         Cléobule de Lindos : »la modération est le plus grand bien »
·                     ·         Pittacos de Mytilène : » Connais ton moment propice / Saisis l’ occasion »
·                     ·         Myson de Chénée.


Bien que les traditions aient varié sur le nombre et même sur les noms des Sages de la Grèce, sans admettre qu'ils aient jamais formé une institution spéciale, une espèce d'académie qui s'occupât à rédiger des maximes, le genre sentencieux qui distingue leurs pensées, caractérise une époque de réveil pour l'esprit humain; ces hommes nés dans les diverses parties de la Grèce, durent aux situations à peu près semblables des petites cités où ils vivaient, une certaine communauté d'idées, et rendirent également des services à leur cité, quelques-uns comme chefs de l'Etat, et d'autres comme législateurs.

Quels pouvoirs avaient-ils?
"La Grèce, si féconde en fameux personnages Que l'on vante tant parmi nous, Ne put jamais trouver chez elle que sept sages : Jugez du nombre de ses fous! " (Grécourt).

On remarque que la liste compte des experts dans la science des nombres, des figures, des astres, des lettres et de la législation ; des hommes de gouvernement, des donneurs de lois, des réformateurs… Il faut souscrire au jugement de Dicéarque quand il considère les sept sages comme des hommes habiles et de grands législateurs. Les renseignements nous fournissent sur chacun d'eux, nous les montrent comme des hommes d'Etat, à l'expérience, aux lumières et à la vertu desquels on avait recours dans les circonstances critiques, lorsqu'il s'agissait, soit de relever des villes détruites, soit de rétablir l'ordre par des lois équitables. Les dates que l'on a recueillies sur la naissance ou la mort de ces hommes célèbres, les placent tous dans le cours du VIe siècle avant l'ère chrétienne à cette époque de fermentation où les cités de la Grèce et de l'lonie, travaillées d'un besoin d'améliorations politiques, cherchaient à s'affranchir du joug des vieux gouvernements, et où l'histoire nous révèle dans ces pays un mouvement général vers la liberté et vers la démocratie.


Où vivaient-ils ?


Leurs archives font ressortir clairement de ces légendes et du témoignage de leurs paroles et coutumes particulières que, comme maints d’autres peuples, les philosophes vivaient dans des cités telles que : Chios, Ephèse, Erythrée, Clazomènes, Colophon, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Ces cités constituaient de bons abris naturels facilitant l’établissement de ports pour le commerce avec des communications aisées vers l’arrière-pays, un climat agréable, des vallées ouvertes pour la culture des céréales, et l’élevage des chevaux, des plateaux pour l’élevage des moutons, des collines pour les arbres fruitiers et les oliviers. Ainsi l’Ionie est la première région de Grèce où la philosophie, l’art et les sciences se sont développées. Ces cités ont donné de nombreux grands penseurs, de grands artistes….
Ainsi parle-t-on de "miracle grec" pour se rendre compte des immenses progrès que le peuple grec, particulièrement doué, a fait faire à la pensée humaine. Placé dans dans des conditions de développement particulièrement favorables, il a donné à l'esprit humain les cadres et les principes essentiels de son activité. Ce fut sans nul doute en ces temps anciens que les philosophes apprirent leurs lettres et commençèrent à écrire à la manière des Mésopotamiens, qui avaient eux-mêmes acquis longtemps auparavant cet art des Egyptiens. Qu'il s'agisse de philosophie, d'histoire, de sciences; qu'on envisage les arts différents et les genres littéraires, ils surent tout régler et les manifestations de ce "miracle" se montrèrent dans tout leur éclat au Ve Siècle.  En effet, il faut savoir que le goût de la connaissance était très prononcé chez eux, il reste encore quelques historiens de la philosophie qui étudient les fragments de leurs œuvres retrouvées, et rassemblent les documents des anciens temps et des terres lointaines.

On ne sait plus avec certitude pour quelle raison ils entreprirent plus tard la dure et périlleuse traversée des montagnes et se rendirent à Athènes, capitale de la Terre du Sommet ( Athène : racine indo-européenne ath- signifiant probablement « tête » ou « sommet », puisque la forteresse de l’Acropole située au sommet de la colline du même nom, constituerait le « noyau fondateur » de la ville. ),



Athènes, la ville incomparable se couvrait de monuments dont l’harmonie n’a jamais été égalée. Les historiens racontaient les luttes héroïques  contre les Barbares, voire contre les Grecs, frères de race pourtant. Les philosophes méditaient sur l’univers et sur l’homme, tandis qu’au théâtre la foule se pressait pour applaudir les tragédies où revivaient les légendes de l’ancienne Grèce.  Heureux temps, que celui qu'une confiance un peu téméraire s’emparait des esprits. Mais cette floraison durera peu. Mais ses reflets éclairent encore l’humanité, qui ne cesse de regarder en arrière pour découvrir dans le lointain les règles sur lesquelles elle a bâti sa civilisation. Enfant robuste et énergique, la philosophie s'est fait connaître rapidement en dehors de son pays natal, les penseurs tombés amoureux de cette jolie jeune fille ne sont pas restés isolés les uns des autres: existaient entre eux des influences, des relations d'apprentissage _sans compter les liens que leurs désaccords créaient_. Une tradition s'établissait progressivement. 




Qu'était la philosophie pendant ses années de jeunesse? 

C'est vers cette époque que, chez les philosophes, la légende commence à devenir de l'histoire avec une datation des années car ce fut en l’an 776 av. J-C que commencèrent les « Jeux Olympiques » qui  avaient lieu au même endroit, tous les quatre ans. Cette période de quatre années a pris le nom d’«Olympiade » et servait de système de datation: le temps ne se comptait pas en années, mais en Olympiades. Les accomplissements des premiers philosophes  de tradition occidentale resteront à jamais dignes d’admiration et d’honneur. Ce fut sans nul doute en ces temps anciens que tous les domaines philosophiques se sont constitués à cette époque : la métaphysique, la physique, l’éthique, la logique, la théorie de la connaissance, la philosophie du langage, la philosophie de l’esprit, l’anthropologie et la cosmologie, la philosophie politique, l’esthétique ou la philosophie des sciences. Tous ces domaines étaient considérés comme interdépendants, et la philosophie antique a élaboré une grande variété d’approches, de théories et de stratégies d’argumentation encore utilisée de nos jours.

 Essai de datation :
(passage pour partie emprunté à Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce)

L'activité philosophique, certains disent qu'elle tient son origine des Barbares. Il y eut en effet, dit-on, chez les Perses les "Mages", chez les Babyloniens ou les Assyriens les "Chaldéens", ainsi que les "Gymnosophistes" chez les Indiens et, chez les Celtes et les Gaulois, ceux qu'on appelle Druide, comme le dit Aristote dans son traité "Sur l'art des Mages" et aussi Sotion dans le vingt-troisième livre de la Succession. 
Selon les Egyptiens en effet, de Nilos naquit un fils, Héphaistos qui fut à l'origine d'une philosophie à laquelle présidaient des prêtres et des prophètes; de ce personnage jusqu'à Alexandre de Macédoine, se sont écoulées quarante-huit mille huit centre soixante trois années, période au cours de laquelle se produisirent trois cent soixante-treize éclipses de soleil et huit cente trente-deux éclipses de lune.
Depuis les Mages, dont le premier dut Zoroastre le Perse, jusqu'à la prise de Troie, Hermodore le Platonicien, dans son traité sur les Mathématiques,  dit qu'il y eut six mille ans de Zoroastre jusqu'à la traversée de Xerxès et qu'après lui se succédèrent de nombreux Mages, qui avaient nom: Ostanas et Astrampsychos, Gôbyas et Pazatas, jusqu'à l'anéantissement des Perses par Alexandre.

A la fin de cet âge, le rôle joué par les philosophes dans les grands évènements éveilla chez eux une curiosité plus étendue pour leur propre histoire, et bon nombre de leurs traditions, jusqu'alors surtout orales, furent rassemblées et consignées par écrit. Les plus grandes familles s'intéressèrent aussi aux évènements et nombre de leurs membres étudièrent des histoires et légendes anciennes. Vers la fin de cet âge Barbare, on trouvait déjà dans le pays plusieurs bibliothèques contenant de nombreux livres d'histoire et archives.
L'histoire de la pensée antique s'étend sur une quinzaine de siècles mais on peut distinguer quatre Ages dans l'histoire de la philosophie grecque.

  • le premier Âge débuta quand les Grecs arrivèrent en Grèce continentale, dans les îles de la mer Egée et sur les rivages de l'Asie Mineure à partir du IIe millénaire av. J.-C. Ils venaient du Nord, par vagues successives. Achéens, Ioniens, Eoliens, Thessaliens s'installent durant la période achéenne (XV-XIIe av. J.-C.); les derniers arrivants sont des Doriens qui, dès le XIIe Siècle, provoquent l'émigration des précédents vers les iles de la mer Egée et vers l'Asie Mineure, créant de nouvelles cités militaires telles que Argos, Sparte (Lacédémone) et dont l'arrivée a plongé l'ancien monde achéen dans une sorte de "Moyen-Âge" qui a duré jusqu'au VIIIe siècle av. J.-C. A la fin du VIIIe siècle av. J.-C la mise en place des populations helléniques est terminée.  La philosophie n'est pas encore née, elle est en gestation. C'est une époque où se fixent les récits mythologiques concernant l'origine de l'univers, ce qu'on appelle les cosmogonies. Le présent récit de la fin du premier Âge est tiré en majeure partie des poèmes homériques l'Iliade et l'Odysée (IX/VIIIe siècle av. J.-C.) composés après les invasions doriennes, puis par la Théogonie d'Hésiode (VIIIe Siècle av. J.-C.) contant la naissance de l'univers et les généalogies des Dieux.  A la lecture de ces livres, on comprend pourquoi les Grecs vivaient avec les héros. C'est avec eux et notamment avec le plus aimé d'entre eux Héraclès ou Hercule, qu'ils ont été en mesure de bâtir leur personnalité.


C'est au cours de cet âge  que se développa le culte public des divinités, en des sanctuaires et en des lieux sacrés; ce culte comportait des sacrifices d'animaux, des offrandes, des processions, des jeux rappelant plus ou moins symboliquement un mythe ou un épisode mythologique. Souvent le sanctuaire faisait aussi fonction d'oracle , prédisant l'avenir en des termes voilés que les prêtres interprétaient. Parmi les sanctuaires les plus fameux, celui de Delphes, consacré à Apollon, possédait un oracle que l'on venait consulter de toutes les régions de la Grèce; une devineresse, la PYTHIE, installée sur un trépied, y entrait en transe, et les prêtres interprétaient ses cris et ses gesticulations. 

Le fronton du temple de Delphes portait, dit-on, la formule celèbre 
 :"connais-toi toi même et tu connaîtras l'univers et les Dieux" dont Socrate devait faire son programme philosophique fondamental. 
Delphes était une sorte de SPA métaphysique avec thermes et théâtre mais aussi stade et temple, tout cela favorisait l'élan du corps et de l'âme. Ces théâtres divino-humains permettaient aux hommes et aux femmes de se purifier le corps ainsi que l'esprit. Ainsi peut-on dire que les grecs anciens effectuaient une sorte de parcours métaphysique dans un sanctuaire en commençant par purifier leur corps par les thermes et le stade avant de purifier leur âme  par le théâtre et le temple. 

Il est une autre chose à mentionner au sujet des hommes du temps jadis, une habitude étonnante: aux cultes publics s'opposaient les cultes secrets, dits cultes à mystères, réservés aux seuls initiés (les mystes), admis à les célébrer après avoir subi une cérémonie d'initiation. Les fidèles qui participaient à un mystère formaient une société secrète: ils s'engageaient à ne rien révéler de l'enseignement religieux qu'ils reçurent et qui porte, en général, sur la nature de l'homme et du monde, sur l"origine et la fin des choses, sur la destinée de l'homme après sa mort, etc.... La tradition des mystères est vaste et l'on ne compte plus les divinités qui ont été l'objet d'un culte ésoterique : Isis et Osiris en Egypte,, Mithra en Perse, Adonis en Syrie, Zeus en Crète, Dionysos en de nombreux lieux, Déméter à Eleusis (près d'Athènes). Les auteurs anciens rapportaient à Orphée le Thrace (personnage légendaire) l'introduction des mystères, et même de la philosophie , disant qu'il fut un philosophe et le plus ancien. Pour notre part, on ne sait pas s'il faut appeler philosophe celui a révélé de telles choses à propos des Dieux, et nous ignorons de quel nom il faut appeler celui qui n'a pas hésité à prêter aux Dieux la totalité de la passion humaine, y compris les actes obscènes. Cet homme, la légende rapporte que des femmes le firent périr; mais l'épigramme à Dios de Macédoine dit qu'il fut frappé par la foudre, puisqu'elle est formulée ainsi:

Ici les Muses ont enseveli Orphée, le Thrace à la lyre d'or,
Lui que Zeus qui règne sur les hauteurs a occis d'un trait fumant.

Etait-il un Hélène venu apporter les paroles de sagesse aux Thraces barbares, en tant que fils d'Apollon? Ou et-il le Thrace sauvage, fils du roi Oeagre, soumis au pouvori de Dionysos, y cédant ou cherchant à y échapper?  Nul ne le sait vraiment, toujours est-il qu'à partir du VII/VIe siècke av. J.-C. il circule en Grèce des écrits orphiques concernant principalement la théorie de l'âme. Selon les doctrines orphiques, l'homme est assemblage d'un corps mortel et d'une âme immortelle, d'essence divine, prisonnière du corps, dont la mort délivre; après la mort, l'âme individuelle se réincarne dans un autre corps (dont la forme dépend des mérites acquis pendant la vie précédente) jusqu'à ce qu'elle parvienne, grâce à une parfaite, à échapper à la "roue des naissances". Ces doctrines ont influencé certains philosophes grecs, tels que Pythagore et sa métempsycose, et Platon et sa théorie de l'âme. On peut dire qu'à cet âge, être philosophe  consistait à prescrire dans des énigmes d'honorer les Dieux, de ne rien faire de mal et de s'entraîner au courage et de mépriser la mort. Tous s'occupèrent d'astronomie et de prédictions, les grands Mages s'adonnèrent au culte des Dieux, aux sacrifices et aux prières, considérant qu'eux seuls sont écoutés, ils s'exprimèrent sur l'origine et la nature des Dieux. Leur vêtement est blanc, leur couche faite de feuillages et leur nourriture composée d'un légume, de fromage et de pain grossier; leur bâton, un roseau avec lequel, dit-on ils piquaient le fromage pour le saisir et le manger. Quant à la magie destinée à tromper, ils ne l'ont même pas connue, à ce que dit Aristote dans son traité "Sur l'art des Mages". Ces  Mages furent naturellement porté à réfléchir sur le monde et sur leurs propres sentiments. Le monde les enserre de toutes parts, ils crurent y apercevoir des manifestations qui les intriguèrent et qu'ils cherchent à expliquer. Il leur fallu adopter, au milieu d'une nature soumise à l'action de forces secrètes et souvent hostiles, une ligne de conduite; la prudence, l'habileté, voire la ruse, seront leurs principaux atouts au milieu des dangers. De là sont nés sur ce sol héllène ces mythes qui traduisent une pensée encore puérile, mais sensible à la beauté de l'héroïsme. Etre philosophe durant cet âge c'est chercher à déterminer le rôle des Dieux, de la justice, l'importance du châtiment dans la vie humaine. La réflexion morale s'approfondira plus tard avec Solon et avec ceux que la tradition morale appelle au VIIe siècle av. J.-C; les sept sages.



  • Au premier Âge succéda le Second Âge appelé "archaïque" (VIIIe siècle-VIe Siècle av. J.-C.). Avec le temps et le développement de la civilisation, les relations entre peuples se font plus nombreuses; les luttes politiques deviennent plus vives. Le monde grec est alors constitué  d'une multitude de petits Etats limités à une cité (polis) et à sa "banlieue", dont la superficie ne dépasse pas quelques centaines de kilomètres carrés. Ces cités sont soit des monarchies, soit des oligarchies (gouvernement par un petit nombre de privilégiés). Il est donc normal que les personnages, en qui s'incarne une sagesse populaire, fassent figure de législateurs. Être sage durant cet âge, consiste à ne pas fermer les yeux sur les besoins de la cité, Platon et Aristote prolongeront d'ailleurs cette tradition. Aussi voit-on la plupart de ceux que la tradition désigne sous le nom de sages se mêler aux affaires publiques, dussent-ils même accepter la tyrannie, comme Périandre à Corinthe. En ces années les noms de Dracon, Solon et Lycurge apparurent comme solutions à des crises sociales et politiques. 
  • Les cités grecques se regroupent parfois en des ligues, qui se font et se défont au gré des évènements. Elles se retrouvent tous les quatre ans à Olympie, pour se mesurer dans des compétitions sportives.  Au cours de Second Âge, la plupart des cités grecques créent des colonies de peuplement en Italie du Sud, en Sicile, en Gaule et sur le pourtour de la mer noire. C'est aussi à cette époque que naît l'activité intellectuelle et artistique : naissent les premières écoles philosophiques en Ionie, la littérature.....). Les évènements de l'époque furent rassemblés et consignés par écrit par des historiens, tels Hérodote, Thucydide et Xénophon.

  • Une fois précisée cette question des origines lointaines de la réflexion grecque, nous pouvons aborder la période de jeunesse (qui s'étend en gros de 600 à 450 av. J.C.) qui succéda au Troisième âge qui fut une période de gestation.  Avec Phocylide de Milet et Théognis de Mégare, la poésie prend un ton sentencieux; si elle manque souvent de profondeur chez le premier, elle traduit chez le second un changement intéressant: l'homme n'est plus soumis sans réserves à la justice divine; la justice humaine paraît se subordonner l'antique justice des Dieux. L'idéal moral s'élève et l"homme par ses propres moyens, est en mesure de marcher seul dans la voie où il a découvert les règles essentielles de la justice et du droit. En ces années, se précisèrent les conditions morales de l'existence humaine, ainsi que la religion des mystères, mais surtout la pensée grecque chercha une explication à l'énigme de l'univers. Comment le monde autour de nous, a-t-il été crée? Comment son existence se poursuit-elle?
  •  Cet âge commence avec la fondation de l'Ecole de Milet, par Thalès et se termine lorsque Socrate distribue son enseignement à qui veut l'entendre, dans la cité qui est sur le point de devenir la capitale intellectuelle du monde grec, Athènes. Les philosophes de cette période sont appelés présocratiques, parce qu'ils ont enseigné avant Socrate; ce sont les Ioniens de l'Ecole de Milet avec des noms illustres de maîtres tels que Thalès, Anaximandre et Anaximène; les Pythagoriciens groupés en sectes qui ont essaimé dans tout le monde grec, les philosophes de l'école d'Elée avec des maîtres tels que Parménide, Zénon d'Elée, etc, puis des personnalités isolées comme Héraclite d'Ephèse, Empédocle, Anaxagore, Démocrite) et enfin les sophistes, contemporains de Socrate.  Au début de cet âge, les premiers philosophes furent nombreux, mais il ne reste plus de leur enseignement que quelques fragments, rapportés par leurs successeurs. Nous savons qu'ils se sont tous occupés de cosmologie, mais aussi de morale, de mathématiques, de physique, et certains, comme les Eléates ont été les premiers à poser le problème de l'être. Ils ont écrit des ouvrages parfois très abondants. Cet âge que l'on peut appeler "classique" voit triompher la démocratie, caractérisé par la consolidation des ligues et des confédérations des cités (ligue de Corinthe, Confédération maritime d'Athènes) qui aboutit, vers 478 av. J.-C.. , à faire d'Athènes la cité dominante  du monde grec.  Ce fut l'âge des guerres médiques marquées par les victoires grecques de Marathon, Salamine, Platées, Mycale. 

Périclès fut l'homme du siècle, chef de file de la démocratie athénienne, et dont le nom symbolise le sommet de la culture et dont la mort signifiera la défaite et le déclin d'Athènes, lancée dans une course à l'hégémonie avec sa grande rivale:  Sparte. Cet âge vint à terme avec la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C). Sparte imposa temporairement un régime oligarchique appelé "tyrannie des trente".

L'importance de cet age fut capital, on y discerne les premières tentatives d'explication du monde et, à un degrè beaucoup moindre, de l'homme. C'est dire que la réflexion s'est portée d'un seul élan sur l'univers alors connu, avant de songer à éclaircir l'homme, cet autre univers insondable. Etre sage durant cet âge, c'est etre savant, ou physiologues ( un phusikos étudie la phusis, c'est à dire la nature, autrement dit il veut décrire le monde naturel, et il veut l'expliquer). Cette tâche grandiose comprend des recherches particulières -l'astronomie, météorologie (étude des météores), la minéralogie, la botanique, la zoologie, et enfin l'anthropologie). Qu'on imagine un instant ces vastes capitales coloniales, étalées dans des plaines fertiles, avec leurs larges avenues, leurs places magnifiques, leurs temples somptueux...on y entendait moins parler du pouvoir occulte des ancêtres disparus, du despotisme des clans et davantage des heureux résultats de l'initiative personnelle. A cette école des penseurs, préoccupés de déterminer l'unique matière dont sont sorties toutes choses, succède l'important mouvement du Pythagorisme. On peut lui attribuer une origine ionienne, puisque Pythagore semble-t-il, était originaire de Samos. Mais il eut pour centre la Grande-Grèce, son plus grand moment se place au debut du Ve siècle avant. J.-C; soit le début du quatrième âge. 

Nous remettons à plus tard de donner d'autres détails sur Pythagore et les faits qui lui sont attribués par la tradition. Mais il faut savoir qu'il fut le premier à avoir utilisé le nom de philosophie et, pour lui-même, celui de philosophe alors qu'il discutait à Sicyone avec Léon le Tyran en haut d'une colline, expliquant ainsi que nul n'est sage, si ce n'est Dieu, la philosophie étant trop facilement appelée "sagesse", et "sage" celui qui en fait profession -celui qui aurait atteint la perfection dans la pointe extrême de son âme-, alors qu'il n'est que "philosophe" celui qui chérit la sagesse. La philosophie n'est pas une science en particulier, mais la science de toute chose: terrestre, humaine, ou divine.


  • Des sombres temps pour cet âge de la maturité philosophique, dite période hellénistique (du IVe siècle au Ier siècle av. J.-C.). Après les guerres du Péloponnèse, une période de malaise politique et économique s'ouvre; des guerres civiles éclatent un peu partout, qui auront pour conséquence un exil généralisé des grecs. Ceux-ci se louent comme mercenaires aux peuples en guerre et se désintéressent de l'avenir de leurs cités.  Philippe II de Macédoine (qui était jusque là un petit royaume balkanique) fut favorisé dans son entreprise. Les Macédoniens occupèrent successivement la Thrace par la prise d'Amphipolis en 357 av. J.-C, la Thessalie, puis le Péloponnèse, par les victoires de Cheronée sur les Thébains et les Athéniens en 338 av. J.-C. Alexandre le Grand, fils de Philippe II, fera la conquête de la Syrie, de l'Egypte, de l'Asie Mineure, de la Mésopotamie et de la Perse, poussant jusqu'à la Vallée de l'Indus. La capitale du monde Hellénistique n'était plus Athènes, mais Alexandrie. Cet âge qui a vu la puissance Athénienne décliner, fut paradoxalement le plus riche philosophiquement puisqu'il correspond à l'enseignement de Socrate, à l'oeuvre de Platon et à celle d'Aristote.  Ces soubresauts historiques eurent quelque influence sur l"histoire de la philosophie. 


Les temps précédents sont du lointain passé, et la forme de toutes les terres a été modifiée; et toute l'activité intellectuelle qui s'était répandue dans les colonies grecques d'Ionie, d'Asie Mineure et d'Italie du Sud vint se fixer à Athènes.  Il ressort clairement de ces légendes et du témoignage de leurs paroles et coutumes particulières que, comme maints autres peuples, les penseurs, professeurs, savants convergèrent vers cette cité, important des modes de pensée qui y étaient jusqu'alors à peu près inconnus, et qui sont plus ou moins bien accueillis. On ne sait plus avec certitude pour quelle raison ils entreprirent la dure et périlleuse traversée des montagnes et e rendirent à Athènes, mais on est en droit de penser qu'à partir du Ve Siècle av. J.-C., l'essor de la démocratie engendra des luttes pour le pouvoir: il faut savoir persuader le peuple, lui faire prendre telle ou telle décision dans l'assemblée. A l''époque où commence ce récit, il était donc nécessaire, si l'on voulait devenir un chef du peuple, d'acquérir la maîtrise du langage . On parlait beaucoup, pour s'en plaindre, de personnes étranges qui rôdaient dans les rues et places d'Athènes: premier signe que tout n'était pas tout à fait dans l'ordre, comme ce l'avait toujours été, sinon dans les contes et légendes du temps jadis. C'est à ce besoin que répondaient les fameux sophistes, nouvelle branche de philosophes qui apparut. 
 Des noms comme ceux de Portagoras d'Abdère, Gorgias de Léontion, Prodicos de  Céos illustrent un courant que l'on appelle la sophistique, ce sont eux aussi des étrangers; Protagoras et Prodicos, comme leurs noms l'indiquent viennent de Ionnie, Gorgias d'Italie du Sud. Ce courant marqua le déclin de l'ancienne philosophie de la nature. Si jusqu'à présent l'attitude des physiologues était dogmatique,  la nature était pour eux l'objet à connaître et la question de l'essence et du principe des phénomènes naturels leur paraissait être la question fondamentale, avec les sophistes, la pensée prend un autre chemin; elle commence par la négation violente; la capacité pour l"homme de connaître l réalité est mise en doute; l'intérêt philosophique se détourne de toute recherche rationnelle sur la nature; la possibilité d'arriver à une certitude dans la connaissance est vigoureusement niée. On le devine, les conséquences morales de cette attitude s'avèrent désastreuses; la justice ne repose plus sur aucune base; l'homme devenant la mesure de toutes choses, ne saurait reconnaître d'autres lois que son caprice et sa puissance, comme le montrent Calliclès et Thrasymaque. Toute leur activité est spécialement dirigée vers la formation de la jeunesse en vue de la réussite dans la vie politique. Leur enseignement répond à un besoin; ils inventèrent l'éducation en milieu artificiel qui restera une des caractéristiques de notre civilisation. C'est ainsi qu'un Protagoras, Gorgias, Antiphon, moyennant un salaire, enseignèrent à leurs élèves les recettes qui leur permettront de persuader les auditeurs, de défendre avec autant d'habileté le pour et le contre. Ils enseignèrent d'ailleurs non seulement la technique du discours qui persuade, mais aussi tout ce qui peut servir à atteindre la hauteur de vue qui séduit toujours un auditoire, c'est à dire la culture générale, et il s'agit là aussi bien de science, de géométrie ou s'astronomie que d'histoire, de sociologie ou de théorie du droit. Ils ne fondèrent pas d'écoles permanentes, mais ils proposèrent des séries de cours, et, pour attirer les auditeurs, faisaient leur propre publicité en donnant ici et là des conférences publiques.  

Il était donc réservé à Socrate de montrer la nouvelle voie à suivre; il fonda la dialectique qui étudie, non pas les choses, mais les opinions des hommes sur les choses pour amener le questionné à se contredire, s'opposant ainsi au savoir tout fait des sophistes.  Son mérite fut d'avoir essayé de sauver la science morale, qui devait trouver chez ses successeurs de si brillants interprètes.  Avec l'intrépidité des novateurs, il part de l'idée que la vertu se définit et résulte de la connaissance par la science, tel semble bien avoir été uniquement son enseignement. On est en droit d'arrêter à Socrate le mouvement illustré par les écoles philosophiques et les grands hommes que nous avons cités.

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