"il y a deux drames dans la vie, celui de ne pas obtenir ce que l'on désire, et celui de l'obtenir".
Oscar Wilde
Le désir est toujours désir de
quelque chose. Ce « quelque chose » nous manque, que nous en
ayons un besoin vital ou non. Ainsi, le désir pourrait se définir par la
tension vers le « désirable », que celui-ci soit un objet, une
personne ou encore un état de choses. De là, la possession du désirable
conduirait à la satisfaction, à la plénitude, à l’apaisement. Le mouvement du
désir trouverait ici sa fin. Mais nous savons d’expérience qu’il n’en est pas
ainsi. D’une part, l’objet désiré une fois qu’il est possédé perd le plus
souvent son caractère de désirabilité. D’autre part, une satisfaction complète
du désir semble impossible puisque le désir ne cesse de se tourner vers de
nouveaux objets dont il est privé. Sans manque, le désir s’éteindrait. On
pourrait dire que cette « fuite en avant » du désir résulte de la
distance qui sépare l’homme du seul état en lequel il pourrait se repaître, à
savoir le bonheur.
DISCOURS D'ARITOPHANE
Qu'était la nature humaine, et que lui est-il arrivé ? Notre nature était autrefois différente : il y avait trois catégories d'êtres humains, le mâle, la femelle, et l'androgyne. Ensuite, la forme humaine était celle d'une sphère avec quatre mains, quatre jambes et deux visages, une tête unique et quatre oreilles, deux sexes, etc. Ils se déplaçaient en avant ou en arrière, et, pour courir, ils faisaient des révolutions sur leurs huit membres. Le mâle était un enfant du soleil, la femelle de la terre, et l'androgyne de la lune. Leur force et leur orgueil étaient immenses et ils s'en prirent aux dieux. Zeus trouva un moyen de les affaiblir sans les tuer : il les coupa en deux. Apollon retourna leur visage et cousit le ventre et le nombril du côté de la coupure?
Mais chaque morceau, regrettant sa moitié, tentait de s'unir à elle : ils s'enlaçaient en désirant se confondre et mouraient de faim et d'inaction. Zeus décida donc de transporter les organes sexuels sur le devant. Ainsi, alors qu'il surgissaient auparavant de la terre, un engendrement mutuel fut possible par l'accouplement d'un homme et d'une femme. L'espèce était sauvée, et entre hommes, il y avait satiété, calmant le désir et permettant l'action et de s'occuper d'autres choses dans la vie.
L'implantation de l'amour dans l'être humain est donc ancienne. C'est l'amour de deux être qui tentent de n'en faire qu'un pour guérir la nature humaine : nous sommes la moitié d'un être humain, et nous cherchons sans cesse notre moitié, de l'autre sexe ou du même sexe que nous.
Quand nous rencontrons notre moitié, nous sommes frappés d'un sentiment d'affection et d'amour : nous refusons alors d'en être séparés. Qu'attendent-ils donc, ceux qui passent leur vie ensemble ? Ce n'est certes pas la jouissance sexuelle. C'est quelque chose que souhaite l'âme, qu'elle ne saurait exprimer ; et pourtant elle le devine : ce qu'elle souhaite, c'est se fondre le plus possible dans l'autre pour former un même être. C'est cela que nous souhaitons tous, nous transformer en un être unique. Personne ne le refuserait, car personne ne souhaite autre chose.
Le nom d'amour est donc donné à ce souhait de retrouver notre totalité, et Eros est notre guide pour découvrir les bien-aimés qui nous conviennent véritablement. Le bonheur de l'espèce humaine, c'est de retourner à son ancienne nature grâce à l'amour, c'est là notre état le meilleur. Eros nous sert en nous menant vers ce qui nous est apparenté, il soulève en nous l'espoir de rétablir notre nature et de nous donner la félicité et le bonheur.
+ PLATON : "c'est le corps seul et ses appétits qui sont en cause" "le corps trouble le désir de contemplation de l'âme"
PLATON
Phédon, 66be
Phédon, 66be
Commentaire : Selon Platon,
la seule chose éminemment désirable est la vérité. Mais ce désir qui est à la
source de la connaissance ne partage absolument rien avec ces mauvais désirs
qui naissent de l’union de l’âme avec le corps. Or, tout ce qui assaille le
corps, les maladies, les désirs, les craintes, etc. nous
« remplissent » dit Platon, à tel point qu’aucune pensée ne devient
plus possible. Ce qu’exige de nous notre corps (qui nous tient par là en
esclavage), c’est la possession de biens. Or ceux-ci étant l’objet de
nombreuses convoitises entraînent des guerres et des batailles sans fin. Mais
même si nous parvenons à un certain état de tranquillité, même si plus rien
d’extérieur à nous semble pouvoir entraver notre recherche du vrai, il
semble que les désirs du corps ne puissent se taire. C’est ainsi que Platon en
vient à conclure, et tel est le thème du célèbre mythe de la caverne,
que le seul moyen pour l’homme de parvenir à la vérité, à la contemplation des
Idées qui n’ont rien de sensible est de se séparer du corps pour
« regarder avec l’âme en elle-même les choses en elles-mêmes ».
+ ANALYSE MYTHE ATTELAGE AILE
Analogie âme humaine et attelage ailé. Problème : l’attelage est apparié ; les deux chevaux sont de nature différente. L’un, blanc et noble, aspire au ciel. Obéissant, il représente le cœur. L’autre, noir et massif, est attiré par la terre. Il représente la partie désirante de l’âme. À peine arrivées à la hauteur du monde éternel, même si certaines âmes peuvent apercevoir quelques idées, elles chutent toutes inévitablement dans le monde sensible puisque leurs ailes manquent de force pour pouvoir les soutenir. L’âme est brouillée par le corps ; le corps est un brouillard qui empêche l’âme de percevoir avec netteté le ciel des Idées. Le travail de l’âme consiste dès lors à écarter les barreaux de la chair que le corps ne cesse d’interposer entre elle et les Idées.
+ Mythologie de la naissance de Eros (Désir)
Pour Socrate,
Éros est amour de quelque chose : c'est l'amour de la beauté. Comme
tous les démons, c'est un intermédiaire entre les hommes et les Dieux,
entre la condition de mortel et celle d’immortel. Il apporte « au ciel
les prières et les sacrifices des hommes » et rapporte « aux hommes les
ordres des dieux et la rémunération des sacrifices qu’ils leur ont
offerts ».- Il est issu de l'union de Poros (l'Abondance), fils de Métis (la Prudence), et de Pénia (la Pauvreté), au moment du festin de la naissance d'Aphrodite, c’est-à-dire que sa conception coïncide avec la naissance de la déesse. Comme fils de Pénia, il est « toujours pauvre, et, loin d’être beau et délicat, comme on le pense généralement, il est maigre, malpropre, sans chaussures, sans domicile, sans autre lit que la terre, sans couverture, couchant à la belle étoile auprès des portes et dans les rues ». Comme fils de Poros, il « est toujours à la piste de ce qui est beau et bon ; il est mâle, hardi, persévérant, chasseur habile, toujours machinant quelque artifice, désireux de savoir et apprenant avec facilité, philosophant sans cesse, enchanteur, magicien, sophiste »… Éros est un amant de la sagesse.
+CLASSIFICATION DES DESIRS
Ce qui intéresse en
premier lieu la philosophie antique dans sa période hellénistique, c’est de
donner lieu à une morale du désir. Épicure entend
catégoriser les différentes sortes de désirs. Il faut d’abord distinguer les désirs
naturels et les désirs vains. Ensuite on peut différencier dans les
premiers ceux qui sont nécessaires au bonheur, ceux qui le sont pour le
bien-être du corps, ceux encore qui sont strictement vitaux. Seule une
connaissance des catégories du désir peut, écrit Épicure, permettre de
sélectionner les désirs, de les approuver ou les refuser, en ayant une juste
conception de leurs effets. Le critère de choix est le plaisir, qui est
le bien premier. On se méprend souvent sur la conception épicurienne ; il
ne s’agit en aucun cas d’une recherche effrénée du plaisir quelles qu’en soient
les conditions et conséquences. Au contraire, Épicure nous apprend qu’il faut
parfois renoncer à des plaisirs si nous savons qu’ils seront suivis par des
douleurs plus grandes et, inversement, qu’il faut parfois accepter la douleur
si elle se trouve sur le chemin qui mène à un plaisir qui la surpasse.+
DESIR / BESOIN
Les philosophes, depuis les origines de la philosophie, se sont demandé quelle place faire aux désirs. Les réponses sont très variées. Dans le Phédon, Platon expose l'idée d'une vie ascétique où l'homme doit lutter contre les turbulences de son corps ; les Cyrénaïques, au contraire, font de la satisfaction de tous les désirs le bien suprême. Toutes ces réflexions ont conduit à de nombreuses distinctions, comme on le voit par exemple chez Épicure.
- Arithmétique des Plaisirs
Cette classification n'est pas séparable d'un art de vivre, où les désirs sont l'objet d'un calcul en vue d'atteindre le bonheur.
Mais,
pour le calcul des plaisirs, tout plaisir n'est pas digne d'être
choisi : le plus grand des plaisirs est la suppression de toute douleur.
En conséquence, on doit éviter certains plaisirs, et même accepter
certaines douleurs.
En
fin de compte, le principe le plus important de la doctrine d'Épicure
est de vivre selon la prudence quand on cherche le plaisir. La
libération des troubles (ataraxie) est la marque suprême du bonheur :
elle renvoie au quadruple remède :
(Tetrapharmakon) :
- Dieu n'est pas à craindre
- la mort n'est pas objet de suspicion
- le bien est d'acquisition aisée
- le danger faciles à supporter courageusement
Il y aura de nouveau une classification des désirs :
La pyramide des besoins schématise une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation
. Qui est enseignée dans toutes les écoles de management, de commerce.... dont voici la caricature :
La pyramide de Maslow est l'un des modèles de la motivation les plus enseignés, notamment en formation au management.
Ce modèle possède l'avantage d'être immédiatement compréhensible et
frappant, mais il possède de nombreuses limites qui ont conduit à sa
réfutation pratiquement totale. Abraham Maslow n'a étudié qu'une population occidentale
et instruite pour aboutir à ce résultat. Dans d'autres modèles de
sociétés, ce modèle peut ne pas être valide. Il s'agit de se questionner
sur la légitimité du modèle en prenant en compte le contexte social de
la population ou de l'individu.
+ DESCARTES : INSPIRATION STOICIENNE : "CHANGER SES DESIRS PLUTOT QUE L'ORDRE DU MONDE"
LE STOÏCISME:
Les stoïciens
donnent lieu à une formulation sensiblement différente. Épictète affirme
ainsi qu’il faut distinguer les choses qui dépendent de nous de celles qui ne
dépendent pas de nous. Il faut détourner son désir des secondes et accepter les
vicissitudes ce sur quoi nous ne pouvons rien, quand bien même ce serait la
maladie ou la mort qui nous affligerait. La pensée de Descartes
est proche de la morale stoïcienne. Il affirme que c’est pour lui une règle de
conduite de préférer réformer ses désirs plutôt que l’ordre du monde car les
seules choses qui soient véritablement en notre pouvoir sont nos pensées. Or,
c’est une propriété de la volonté de ne désirer que les choses qui semblent
possibles. En effet, écrit Descartes, nous ne désirons pas posséder le royaume
de Chine, cette possession ne nous manque pas. Ainsi, si nous apprenons à ne
désirer que ce que nous avons la certitude d’acquérir, alors plus rien ne
pourra nous manquer. Nous aurons un sentiment de plénitude plus développé que
celui qui, possédant toutes les richesses, ne sait pas mettre fin à sa
conquête. Descartes a bien soin de préciser que c’est là un exercice extrêmement
difficile.
+analyse film little Miss sushine : Epicurisme + Stoïcisme à travers les personnages : Olive et Dwayne
+ BOUDDHISME (à l'occasion du cours sur le nirvana de Jill Bolte Taylor
Le Bouddha était
prince, il vivait dans l'aisance matérielle et dans le luxe, mais il comprit
que cela n'apportait pas un bonheur permanent, que cela ne résolvait pas le
problème de la naissance, de la souffrance, de la mort et il décida de
renoncer à tout cela. Il laissa sa famille, ses possessions, ses richesses et
partit seul. Grâce au renoncement, il accéda à des degrés très élevés de la
spiritualité jusqu'à l'éveil.
Faire, avoir,
devenir sont des distractions qui nous tiennent éloignés de l'essence de la
vie et nous conduisent à nous attacher. Pendant les retraites de méditation,
nous laissons pour un moment notre famille, nos amis, notre maison, notre
confort, nos habitudes et nous devons suivre l'emploi du temps.
Ce renoncement
permet de progresser. Le Bouddha, en renonçant, découvrit les quatre nobles
vérités. C'est-à-dire la souffrance inhérente à la vie, la cause de cette
souffrance qui est le désir, l'avidité, l'attachement. Il découvrit la
possibilité de se libérer de la souffrance, qui est la cessation du désir, de
l'avidité, de l'attachement. Il découvrit la voie qui mène à la cessation de
la souffrance, le noble octuple sentier.
Le désir nous
enchaîne créant l'attachement et la souffrance. Alors que le renoncement
apporte la liberté et la sérénité. La racine du désir est profondément ancrée
en nous. Nous désirons sans cesse. Nous désirons ce que nous n'avons pas,
nous désirons que les choses soient différentes, qu'elles se déroulent selon
nos souhaits. Cela génère une grande agitation mentale. Ou bien nous ne
voulons pas, nous résistons, nous rejetons, nous évitons, nous nous plaignons.
Ces deux très grandes forces du désir sont en nous. L'énergie de vouloir et
l'énergie de ne pas vouloir.
Nous passons notre
vie entière à essayer d'obtenir ce que nous désirons et à essayer d'éviter ce
que nous ne souhaitons pas. C'est très fatigant. Même quand nous méditons,
nous continuons à désirer. Nous souhaitons avoir des sensations agréables et
nous rejetons celles qui sont désagréables. Si nous avons eu des expériences
agréables, notre esprit cherche à retrouver ces expériences agréables. Si nous
n'avons pas d'expérience plaisante nous souhaitons en avoir. Même pour la
spiritualité nous sommes remplis de désirs.
+HOSPITALISME : l'homme a besoin d'être désiré
L’hospitalisme est un état dépressif qui se manifeste chez
certains enfants séparés précocement de leur mère. Ce trouble affectif a
été théorisé par le psychanalyste René Spitz.
Spitz compare le développement psychoaffectif de deux populations d’enfants :
- (A) des enfants nés de mères en prison, mais s’occupant de l’enfant pendant la journée, avec l’aide d’une soignante expérimentée ;
- (B) des enfants nés et placés en orphelinat, recevant des soins, mais privés de toute chaleur humaine.
Il décrit alors trois phases de l’hospitalisme, apparu chez les
sujets du groupe (B) et, temporairement, chez les sujets du groupe (A)
lorsque les enfants étaient séparés de leur mère :
- phase de pleurs (car l’enfant sait qu’avant, les pleurs faisaient revenir sa mère) ;
- phase de glapissement, de perte de poids et d’arrêt du développement ;
- phase du retrait et du refus de contact, aboutissant alors à la dépression.
+ ANALYSE HISTOIRE "LES ENFANTS SAUVAGES "
Comparatif : Victor l'enfant sauvage qui n'a pas progressé, peut être par un manque de projection du désir de l'enfant sur Itard qui était froid comme un scientifique peut l'être
et Cau Cau enfant sauvage chilien qui grâce à la relation à sa mère de substitution a pu apprendre à parler.
PARALLELE : avec expérience de Masaru Emoto sur les pots de Riz …(que l'on retrouve dans le film "les petits mouchoirs, de Guillaume Canet)
le protocole est simple il suffit de faire cuire du riz et de mettre la même quantité dans deux pots identiques.
Sur un pot vous marquez “Je t’aime”, et sur l’autre “je te déteste” . Tous les jours vous dites “je t’aime” au pot correspondant et “je te déteste” au pot correspondant… et oh surprise, le pot “je t’aime” ne pourrit pas et le pot “je te déteste” pourrit
+ L'effet pygmalion à l'école :une attente positive ou négative concernant les capacités d'un élève se traduit par une modification du comportement de l'enseignant à son égard.
(référence à Pygmalion, sculpteur chypriote de l'Antiquité qui a créé, d'après la légende, une statue de femme d'une telle beauté qu'il en est tombé amoureux. Ayant demandé aux dieux de donner vie à cette statue, la déesse Aphrodite l'a exaucé.)
+ FREUD : Le Surmoi (conscience morale) est ce qui vient censurer le désir. Il trouve sa satisfaction dans les rêves, lapsus et actes manqués.
Un désir, un pulsion non réalisés créent un trouble: du corps ( Anna O), de l'esprit ( Névrose, Psychose : perte du sens de la réalité)
BONUS (plutôt pour les TL et TS)
VISION SCIENTIFIQUE DU DESIR
VISION SCIENTIFIQUE DU DESIR
Court extrait du documentaire :BIOCHIMIE DU COUP DE FOUDRE, FRAGMENTS SCIENTIFIQUES DU DISCOURS AMOUREUX, Thierry Rollin
Lorsque nous rencontrons une personne qui nous est désirable, la grande machine du corps humain se met au service de nos désirs et notre subconscient lui aussi nous envoie des messages.
Entre hormones, lecture des regards et des gestes,… nous interprétons des signaux qui peuvent nous amener jusqu’au coup de foudre, en voici la mécanique…
Entre hormones, lecture des regards et des gestes,… nous interprétons des signaux qui peuvent nous amener jusqu’au coup de foudre, en voici la mécanique…
La science vient confirmer les propos désabusés d'un certain Schopenhauer.
L'amour ne s'est pas fait en un jour, c'est une longue histoire qui remonte à la nuit des temps, qui s'invente et se réinvente sans cesse. Il en existe tant de formes que le pluriel, en effet, s'impose. Après un premier chapitre sur les "amours animales", où la survie des espèces donne naissance à de fabuleuses adaptations, Jacques Attali et la journaliste Stéphanie Bonvicini nous parlent donc des amours humaines.
Polyandre? Polygame? Homosexuel? Célibataire? Monogame? Tous les goûts sont dans la nature, et aussi dans la culture, si l'on en croit le dernier livre de l'intellectuel et touche-à-tout français Jacques Attali, qui retrace l'histoire des relations entre les hommes et les femmes à travers les âges dans un beau livre intitulé Amours, publié chez Fayard.
Bientôt la Saint-Valentin, les mésadaptés de la monogamie obligatoire et totale seront peut-être ravis d'apprendre que cette forme de couple est une sorte d'accident de l'histoire, un concept essentiellement introduit par le christianisme et défendu, tant bien que mal, et somme toute avec un succès très relatif, par l'Église.
L'auteur commence son périple au pays de l'amour par un survol des relations animales, où on apprend par exemple que la punaise, dont le mâle perfore le corps de sa partenaire n'importe où, pratique la copulation comme un sport extrême, avec semble-t-il quelque 200 rapports sexuels par jour, pour moitié homosexuels.
Chez l'homme, les formes les plus complexes d'union existent depuis les débuts de l'humanité et, dans ce tableau, la monogamie n'apparaît en effet que bien tard, avec les débuts du christianisme. En fait, écrit Attali, si l'on considère l'histoire de l'humanité, «seule une relation sexuelle entre une mère et ses fils est universellement réprouvée».
Puis vient le christianisme. «Nul au monde, avant lui, n'a prétendu imposer à l'espèce humaine tout entière une monogamie absolue, une fidélité totale, une relation irréversible. Nulle religion n'a prétendu gérer avec une aussi grande précision la vie sexuelle de chaque fidèle. Pour Paul et ses disciples, le sexe constitue un scandale, alors que, pour les religions précédentes, c'est le célibat qui est insupportable. [...] La monogamie prend, dès lors, une forme absolue: une seule femme, un seul homme, toute une vie, dans le refus de la sensualité et sous la surveillance tatillonne de Rome», écrit-il.
La polyandrie, par laquelle une femme est unie à plusieurs hommes, est présente en particulier dans un contexte de guerre, quand de nombreux hommes sont susceptibles de mourir au combat, pour assurer l'avenir de la famille et éviter que la femme ne devienne veuve. Sur l'ensemble de la planète, avance Attali, elle est encore pratiquée par 1 % de la population, entre autres au Ladakh, en Inde, pour éviter le morcellement des terres, alors que seul l'aîné des garçons est autorisé à se marier, partageant sa femme et sa terre avec ses frères cadets. Dans certaines tribus, comme chez les Canelas, en Amazonie, une femme enceinte «doit avoir un maximum d'amants, pour nourrir le foetus, bloquer le sang, s'occuper de l'enfant, lui apporter du gibier et le former aux rituels».
Une liberté surtout masculine
On le sait cependant, la polygynie de l'homme est infiniment plus répandue que son opposé, et même au XIXe siècle, alors que la vie des couples se libère, raconte Attali, l'adultère féminin est beaucoup plus sévèrement condamné que celui des hommes. Attali cite d'ailleurs une réponse qu'un vizir du grand Soliman musulman donne à un envoyé de Charles Quint qui lui reproche sa polygynie, réponse qui a été mise en poème par Ben-Abdoul-Kiba: «Je te permets de boire, permets-moi d'aimer.»
Encore en 1804, en France, l'homme a le droit d'être adultère et polygame si ses épouses ne vivent pas toutes sous le même toit, tandis que la polyandrie et l'adultère féminin sont interdits par le Code civil. En Chine, dès les premiers royaumes, la polygynie est précisément hiérarchisée. Un paysan est monogame, un noble a deux épouses, un officier en a trois, un seigneur fieffé en a neuf et un roi en a douze, en plus de ses concubines. Selon Attali, c'est de ces rivalités entre femmes que naît la première littérature amoureuse, qui fait vivre par procuration à ses lecteurs passions, séduction, érotisme.
L'amour romantique arrive d'ailleurs relativement tard dans l'histoire de l'Occident, et c'est étonnamment par l'entremise d'une secte religieuse des Balkans, les bogomiles, qui haïssaient la sexualité, que l'amour courtois fait son apparition. «Débarrassé de la sexualité, l'amour s'installe d'abord dans la poésie des troubadours qui parcourent les châteaux des pays de langue d'oc, influencés, disent certains, par les cathares. Pour eux comme pour les cathares, le fin'amor ne doit jamais être physique et finit nécessairement de façon tragique», écrit Attali.
Bientôt la Saint-Valentin, les mésadaptés de la monogamie obligatoire et totale seront peut-être ravis d'apprendre que cette forme de couple est une sorte d'accident de l'histoire, un concept essentiellement introduit par le christianisme et défendu, tant bien que mal, et somme toute avec un succès très relatif, par l'Église.
L'auteur commence son périple au pays de l'amour par un survol des relations animales, où on apprend par exemple que la punaise, dont le mâle perfore le corps de sa partenaire n'importe où, pratique la copulation comme un sport extrême, avec semble-t-il quelque 200 rapports sexuels par jour, pour moitié homosexuels.
Chez l'homme, les formes les plus complexes d'union existent depuis les débuts de l'humanité et, dans ce tableau, la monogamie n'apparaît en effet que bien tard, avec les débuts du christianisme. En fait, écrit Attali, si l'on considère l'histoire de l'humanité, «seule une relation sexuelle entre une mère et ses fils est universellement réprouvée».
Puis vient le christianisme. «Nul au monde, avant lui, n'a prétendu imposer à l'espèce humaine tout entière une monogamie absolue, une fidélité totale, une relation irréversible. Nulle religion n'a prétendu gérer avec une aussi grande précision la vie sexuelle de chaque fidèle. Pour Paul et ses disciples, le sexe constitue un scandale, alors que, pour les religions précédentes, c'est le célibat qui est insupportable. [...] La monogamie prend, dès lors, une forme absolue: une seule femme, un seul homme, toute une vie, dans le refus de la sensualité et sous la surveillance tatillonne de Rome», écrit-il.
La polyandrie, par laquelle une femme est unie à plusieurs hommes, est présente en particulier dans un contexte de guerre, quand de nombreux hommes sont susceptibles de mourir au combat, pour assurer l'avenir de la famille et éviter que la femme ne devienne veuve. Sur l'ensemble de la planète, avance Attali, elle est encore pratiquée par 1 % de la population, entre autres au Ladakh, en Inde, pour éviter le morcellement des terres, alors que seul l'aîné des garçons est autorisé à se marier, partageant sa femme et sa terre avec ses frères cadets. Dans certaines tribus, comme chez les Canelas, en Amazonie, une femme enceinte «doit avoir un maximum d'amants, pour nourrir le foetus, bloquer le sang, s'occuper de l'enfant, lui apporter du gibier et le former aux rituels».
Une liberté surtout masculine
On le sait cependant, la polygynie de l'homme est infiniment plus répandue que son opposé, et même au XIXe siècle, alors que la vie des couples se libère, raconte Attali, l'adultère féminin est beaucoup plus sévèrement condamné que celui des hommes. Attali cite d'ailleurs une réponse qu'un vizir du grand Soliman musulman donne à un envoyé de Charles Quint qui lui reproche sa polygynie, réponse qui a été mise en poème par Ben-Abdoul-Kiba: «Je te permets de boire, permets-moi d'aimer.»
Encore en 1804, en France, l'homme a le droit d'être adultère et polygame si ses épouses ne vivent pas toutes sous le même toit, tandis que la polyandrie et l'adultère féminin sont interdits par le Code civil. En Chine, dès les premiers royaumes, la polygynie est précisément hiérarchisée. Un paysan est monogame, un noble a deux épouses, un officier en a trois, un seigneur fieffé en a neuf et un roi en a douze, en plus de ses concubines. Selon Attali, c'est de ces rivalités entre femmes que naît la première littérature amoureuse, qui fait vivre par procuration à ses lecteurs passions, séduction, érotisme.
L'amour romantique arrive d'ailleurs relativement tard dans l'histoire de l'Occident, et c'est étonnamment par l'entremise d'une secte religieuse des Balkans, les bogomiles, qui haïssaient la sexualité, que l'amour courtois fait son apparition. «Débarrassé de la sexualité, l'amour s'installe d'abord dans la poésie des troubadours qui parcourent les châteaux des pays de langue d'oc, influencés, disent certains, par les cathares. Pour eux comme pour les cathares, le fin'amor ne doit jamais être physique et finit nécessairement de façon tragique», écrit Attali.
Dans un contexte où la sensualité est interdite et où même «s'aimer n'est jamais un sujet de conversation, le carnaval et désormais la Saint-Valentin sont l'occasion de libérations érotiques».
Reste que la liberté, voire le libertinage, n'a pas tardé à reprendre ses droits, entre autres en littérature, avec le marquis de Sade et Casanova en tête. À la fin du XVIIIe siècle, à Paris, écrit Attali, 30 % des naissances sont illégitimes. Dans un plaidoyer pour le divorce en France au XIXe siècle, Hippolyte Adolphe Taine écrit: «On s'étudie trois semaines; on s'aime trois mois; on se dispute trois ans; on se tolère trente ans: et les enfants recommencent.»
Le mariage économique
La monogamie, qui a été pratiquée tout au moins de façon provisoire partout sur terre, a cependant l'avantage de préserver l'équilibre des sexes, hommes et femmes étant à peu près aussi nombreux. Elle est aussi souvent largement affaire d'économie et trouve parfaitement sa place dans un contexte de capitalisme et d'obsession de l'épargne.
«Presque partout — aujourd'hui encore sur une large partie de la surface du globe — le mariage monogame n'est pas une histoire d'amour. Il est l'union de deux familles pour protéger des terres ou pour les réunir, et les époux n'ont pas leur mot à dire», écrit l'auteur.
La révolution d'aujourd'hui tient d'ailleurs du fait que «le droit à l'amour devient la première revendication véritablement planétaire», ajoute-t-il. Paradoxalement, les nouvelles techniques de reproduction permettent d'envisager l'humanité sous un jour entièrement nouveau, «pour en finir, peut-être, un jour, avec le besoin de l'Autre. Et donc avec l'Amour», écrit Attali, qui présente par conséquent son livre sur l'amour comme une «histoire merveilleuse et menacée».
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/3548550001/jacques-attali-stephanie-bonvicini-amours-histoire-des-relations-entre-les-hommes-et-les-femmes.fr.html
BONUS POUR LES TL
UNE TRADITION QUI A PERDURE
DESIR ET BONHEUR
ANALYSE Desperate Housewives
Un générique intelligent qui convoque des références artistiques, religieuses, traditionnelles, morales, mythologique (l'emblème de la Pomme).
Le bonheur fait un malheur ! Dans les films, les livres, les doctes travaux des économistes, il n’est plus question que de lui ; lubie joyeuse d’une époque qui l’est beaucoup moins. Le 10 novembre, Nicolas Sarkozy salue la contribution de Dany Boon au "bonheur national brut" au moment d’épingler sur le veston du réalisateur de Bienvenue chez les Ch’tis l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur. Deux mois auparavant, le Prix Nobel Joseph Stiglitz livre au même Nicolas Sarkozy un rapport prônant l’introduction de critères de bonheur -le salaire, l’accès aux soins, la scolarité des enfants...- dans le calcul de la richesse nationale.
Dans les librairies, c’est tout bonnement l’extase :
- le Britannique Mark Kingwell nous invite A la poursuite du bonheur (Bayard) ;
- Matthieu Ricard lance un Plaidoyer pour le bonheur (Nil Editions).
- Nous baignons en pleine Euphorie perpétuelle (Seuil), ironise le philosophe Pascal Bruckner.
"Le bonheur, c'est tout ce qui arrive entre deux emmerdements" a dit un sage anonyme.
Voltaire formule la même idée un peu différemment :" le bonheur n'existe pas, il n'existe que des instants de bonheur".
Qu’est-ce qui nous rend heureux ? Abyssale question philosophique, dont
la réponse est toujours un peu le reflet de l’époque à laquelle on la
pose.
- Pour les Anciens, la clé résidait dans une vie bonne et vertueuse, à l’unisson du cosmos.
- Le christianisme fit de la béatitude un mets de choix à déguster ad patrem (au royaume des morts).
- La Révolution ramena le paradis sur terre, associant la félicité individuelle à l’idéal politique de liberté et d’égalité. Pour les libertins du XIIIe siècle, elle devint synonyme de délices et d’ivresse.
- Les esprits forts du XIXe siècle la brandirent comme un droit à arracher aux griffes des Eglises, des partis et des institutions... Puis vint la Seconde Guerre mondiale.
- Elle est liée aux progrès de l’individualisme et à la mutation du capitalisme, qui a fait de nos pulsions, et non plus du travail, le moteur de la croissance." Passons sur l’hédonisme sauvage des années hippies et sur son fameux "Jouir sans entraves". A l’orée du troisième millénaire, nous voici rendus au "devoir de béatitude" : chacun est tenu d’être heureux, puisque nous avons désormais le choix. Le choix de tracer notre chemin, de quitter un conjoint qu’on n’aime plus pour reformer une famille ailleurs, de plaquer un boulot éreintant pour aller vivre aux champs. Enivrante richesse qui pèse toutefois comme un vêtement trop lourd si l’aventure échoue. Etre heureux aujourd’hui, c’est savoir que s’ouvre devant nous l’espace de tous les possibles, comme dirait Michel Houellebecq, oracle de la postmodernité.
Première
mise en garde : le Bonheur est une notion bien vague, telle une eau qui
épouse toutes les formes, mais qu'aucune forme n'épuise.
Il faudrait commencer par distinguer
- les moments de bien-être ( séance de repos sur une plage, soirée de fête en famille etc);
- les phases intenses d'euphorie (celle du lycéen qui vient de réussir son bac, parents après la naissance de bébé), et
- les périodes plus longues de sérénité ( couler des jours paisibles en cultivant son jardin ou mener une vie trépidante en réalisant sa passion).
S' il existe, il semble que le
bonheur doit être durable. Connaître une grande et longue histoire
d'amour, faire un travail épanouissant : voilà qui devrait apporté un
bien être stable, à défaut d'être éternel.
Car malheureusement, rien n'est éternel. Il est écrit dans le TAO-TÔ-KING :"le malheur marche au bras du bonheur, le bonheur couche au pied du malheur"
Il
est évident que le bonheur apporté par un grand amour, celui de toute
une vie disparaîtra avec la personne aimée. Et le malheur sera à la
mesure du bonheur d'antan. Si donc le bonheur éternel n'existe pas,
admettons tout de même qu'il y a des vies plus réussies que d'autres.
Cherchons à savoir à quelle condition.
Les humains seraient programmés pour le malheur.
"Pourquoi est-il si difficile d'être heureux?"
(Why it's so hard to be happy?), en mars 2007, le psychologue Michael
Wiederman pose la question directement dans un article remarqué du
magazine Scientific American Mind.
Le point de départ est un constat navrant : la
croissance continue des décénnies précédentes n'a pas apporté aux USA
une notable amélioration dans le niveau de satisfaction de la
population.
Tout se passe comme s'il y avait une inaptitude des gens au bonheur.
Il avance alors une hypothèse issue de la psychologie évolutionniste,
selon laquelle l'être humain ne serait pas programmé pour être heureux.
Tout viendrait d'un lourd héritage de l'évolution : dans
la nature, l'angoisse et l'inquiétude sont une condition de survie.
Regardez les animaux tels que les moineaux, les gazelles ou les rats,
toujours menacés par un prédateur : ils sont inquiets, toujours sur le
qui-vive, à guetter un prédateur, une menace sourde venue d'on ne sait où et qui pourrait s'abattre sur eux!
Autrement
dit, la peur et l'angoisse sont inscrites au coeur du psychisme de la
plupart des espèces animales. Et l'angoisse fondamentale dont parlent
philosophes et psychanalyste n'est sans doute pas un trait
spécifiquement humain.
Si homo erectus avait été trop "cool" (autrement dit si il avait été lycéen!) il n'aurait pas survécu face aux dangers :
les prédateurs, les accidents, les ennemis de toute sortes.
L'inquiétude originelle, cette préoccupation dont parle Heidegger, est
inscrite dans le patrimoine génétique de la plupart des espèces
animales. On peut dire qu'elle est d'ailleurs renforcée chez l'humain
par sa capacité de se projeter dans l'avenir, de se soucier de
l'avenir. Tout cela ne nous prédispose pas à une douce quiétude.
Bref,
les humains ont hérité d'une nature anxieuse. C'est peut être cela qui
explique notre goût immodéré pour les mauvaises nouvelles. "Nous avons hérité d'une tendance à relever les choses négatives plutôt que positives" écrit Michael W.
Nous nous intéressons plus aux évènements négatifs qu'aux positifs (
les chaines info telles que itélé, Bfm ou lci l'ont bien compris). La presse et la télévision nous abreuvent de mauvaises nouvelles : accidents, attentats, guerres, chômages.
Les médias ne parlent pas du monde ne général, mais du monde qui va mal
. Nul doute que si les bonnes nouvelles faisaient monter les scores
d'audiences, les médias regorgeraient d'informations positives : sur les
entreprises qui se créent (plutôt que celles qui se ferment), sur les
guérissons et les success stories, sur les accords de paix....or, le
goût pour le morbide est une condition de survie: il nous rend sensible
aux dangers et attire notre attention sur les risques et les menaces!
- une mère qui ne serait pas inquiète pour ses enfants les protègeraient beaucoup moins
- celui qui ne connaîtrait pas une petite dose d'angoisse face à son avenir, serait inapte à la vie sociale : il dépenserait toutes ses économies sur un coup de tête, prendrait des risques inconsidérés.
- l'insouciance n'est pas le propre de l'homme, et une société de gens heureux ne serait sans doute pas viable!
De quoi est fait le bonheur des hommes?
Ce
n'est pas seulement une question de philosophie, c'est celle que posent
aujourd'hui des économistes qui sont même jusqu'à proposer des méthodes
d'évaluation du bonheur de leurs contemporains.
Le produit intérieur brut? PIB disiez-vous? dépassé! on parle désormais de BNB soit de BONHEUR NATIONAL BRUT : l'indice des prix devient l'indice de bonheur et passionne les économistes, promptes à rappeler que l'économie était au XIXe S la "science du bonheur" et que Jérémy Bentham, plaçait déjà le bonheur au coeur de sa pensée utilitariste.
Une
telle tentative de mesure du bonheur national prête à sourire, surtout
si 'lon mesure la difficulté qu'il y a à le définir au niveau
individuel. Mais avant de sourire, reconnaissons au moins la bonne
nouvelle: voici enfin des économistes qui s'intéressent à autre chose
qu'à la croissance, à la production et qui intègrent dans leurs
réflexions, voire dans leurs calculs, des données comme le
- bien-être
- la qualité de l'environnement
- l'éducation
- lien social.
Force est de constater qu'au
cours des 50 dernières années, le PIB des pays occidentaux a progressé
en même temps que le nombre de suicides, de crimes et de dépressions.
Aux Usa ou au Royaume-Uni, le niveau de vie réel a doublé, tandis que stagnait la proportion de personnes se disant heureuses.
Paradoxe!
Les habitants des pays pauvres se déclarent aussi heureux que ceux des pays riches,
les besoins étant de fait relatifs, dépendant du niveau de vie moyen. A
partir d'un certain seuil de développement l'argent ne fait plus le
bonheur, la qualité de la vie sociale et de l'environnement ayant, par
exemple, un impact plus durable sur la satisfaction qu'une augmentation
de salaire!
Il faut savoir que le BNB est une invention bhoutanaise.
Le roi de ce minuscule pays collé à la Chine en a fait, dès les années
1980, le but du développement de son pays, en usant de critères assez
flous que
- l'harmonie avec la nature
- l'équité
- ou la qualité du gouvernement
Le BIB repose sur les quatre principes fondamentaux auxquels le gouvernement du Bhoutan attache une part égale:
- Croissance et développement économique ;
- Conservation et promotion de la culture ;
- Sauvegarde de l'environnement et utilisation durable des ressources ;
- Bonne gouvernance responsable.
- Un très joli reportage suite à un voyage dans le superbe pays du Bonheur National Brut : le Bhoutan
Accroître la satisfaction vitale
plutôt que cette pseudo richesse basée sur cet autre étalon abstrait
et fluctuant, le dollar. Une philosophie respectueuse des valeurs
humaines qui ne base pas tout sur la course à la productivité. Le slogan « travailler plus… » n’a pas cours avec cette philosophie, ce serait même le contraire qui ferait monter le BIB.
Une
utopie ? Bien sûr mais ne serait-elle pas préférable à la poursuite
d’une politique qui, même si elle réussit, va nous mener dans le mur de
l’épuisement de la planète.
- CERTAINS SONT TOUT DE MEME PLUS HEUREUX QUE D'AUTRES
On
en connait tous : ce sont les optimistes, les gens "positifs", qui
prennent la vie du bon côté, ceux qui secrètent de la bonne humeur en
toutes circonstances et sur qui le stress semble avoir peu de prise.
Les épreuves de la vie ne semblent pas avoir le même effet sur tout le monde.
On appelle "résilients" les personnes qui réussissent à surmonter de terribles traumatismes sans grave dommage psychologique.
- Souvenez-vous nous avions vu le principe de résilience, repris par le psychiatre Boris Cyrulnik qui leur a consacré une trilogie : Les vilains petits canards 2001, Un merveilleux malheur 2002, Le murmure des fantômes 2005.
Prenons le cas de PATRICK SEGAL
Ce
jeune homme était beau, sportif, épanoui et débordant d'énergie, en
1972, il se blesse accidentellement à la colonne vertébrale à 24 ans et ne peut désormais se déplacer qu'en fauteuil roulant. L'année suivante, il décide de partir faire le tour du monde en fauteuil. Puis il publie le récit de son périple : l'homme qui marchait dans sa tête (1983),
devenu un best-seller. Sur les photos, dans les interviews, on le voit
toujours souriant, épanoui, débordant de projets et d'énergie et
diffusant autour de lui son bonheur de vivre.
Y aurait-il des gens naturellement doués pour le bonheur?
Du point
de vue scientifique, certaines données neurobiologiques semblent le
confirmer. La sérotonine, 5-HT) est un neuromédiateur naturel, qui joue
un grand rôle dans le sentiment de bien-être. La sérotonine,
naturellement produite par l'organisme, agit comme un euphorisant.
Plus on en produit, plus on se sent bien, actif, en forme, ouvert au monde.
Inversement, un déficit de sérotonine est associé à une tendance dépressive.
La sécrétion, la
production de sérotonine dépend en partie des évènements qui nous
arrivent: une bonne surprise et son taux de production se met à grimper,
une mauvaise nouvelle, et il chute.
Mais
notre dose dépend aussi de facteurs génétiques. Il existe des personnes
qui sont de gros porteurs de sérotonine, d'autres qui sont des petits
porteurs. Et leur rapport au monde s "en ressent. Les uns sont
d'éternels optimistes, les autres toujours un peu tristes et inquiets,
même quand tout va bien.
Le
professeur DAVID LYKKEN, l'un des plus grands spécialistes de la
génétique du comportement a tenté de prouver l'existence d'une "aptitude
innée au bonheur" par la méthode des jumeaux (méthode
qui consiste à comparer l'état de bien-être de jumeaux monozygotes
(ayant le même capital génétique) élevés dans les milieux différents
(suite à des adoptions). Ses résultats montrent que des jumeaux
monozygotes, bien qu'élevés dans des milieux différents et ayant connu
des trajectoires de vie assez différentes, restent proches quant à leur
niveau de satisfaction par rapport à leur vie. Cela ne signifie pas qu'il existe un gène "du bonheur", mais tout de même une certaine prédisposition. C'est injuste mais c'est ainsi : il semblent que certaines personnes naissent avec " un capital bonheur" supérieur aux autres!
L'ARGENT FAIT-IL LE BONHEUR?
"L'argent
ne fait pas le bonheur", affirme le vieil adage. Alors " rendez-le"
rétorquait Jule Renard, jamais avare d'un bon mot (Journal,1906)
Souvenez-vous :
ACTU | 18 novembre 2008
Benoît Poelvoorde en psychiatrie, à sa demande
Par A.D. (avec source AFP)
L'acteur belge, qui a percuté dimanche soir des voitures à l'arrêt à Namur, a été transféré dans un service hospitalier psychiatrique
«C’est au moment d’Astérix que la dépression est montée. J’étais pris de panique, de crises de tétanie». Benoît Poelvoorde va mal. L’acteur belge, qui confiait son mal-être à «Libération» en décembre dernier, a été interné hier lundi, à sa demande, dans l’unité psychiatrique de l’hôpital de Namur, sa ville natale.
L’hôpital psychiatrique, Poelvoorde connaît. Il y a déjà fait un séjour: «Un ami producteur m’a fait hospitaliser quand j’en ai été à boire matin, midi et soir. Les angoisses devenaient trop fortes. A l’hôpital, on fait peinture, macramé, atelier de dessin, on flotte toute la journée à cause des médicaments, on voit des psys qui ne servent pas à grand-chose.»
Après avoir embouti trois voitures en stationnement derrière le casino de Namur dimanche soir, l’acteur de 44 ans a été emmené au poste et interrogé. Il a alors été pris d’une crise de panique et aurait, selon RTL Belgique, demandé à voir un médecin. Selon le parquet, «il n’était pas en état de conduire, d’une grande nervosité, sous l’influence de substances non identifiées». Un test d’alcoolémie a révélé un taux de 1,42 gramme d’alcool par litre de sang. En Belgique, le taux toléré est de 0,5 gramme.
Dépression
Poelvoorde a présenté un certificat médical attestant qu’il avait pris des anxiolytiques, parce qu’il traversait, de son propre aveu, une profonde dépression. Ce qu’il ne niait nullement l’an passé: «La dépression, c’est la perte de l’estime de soi. C’est à cause des insomnies que je me suis retrouvé noctambule, et donc à boire - comme ça on dort jusqu’à midi, et les angoisses attendent jusque-là. Vient le moment où ni l’alcool ni les anxiolytiques n’y font rien».
Au mois d’avril dernier, il avait déjà été condamné par un tribunal de Namur pour conduite en état d’ébriété, après avoir percuté en 2007 la façade d’une maison avec son 4x4.
Benoït Poelvoorde fait-il partie de ces clowns tristes? au delà des formules canoniques et des bons mots, que sait-on exactement des liens entre argent et bonheur?
La fortune est- elle vraiment à la hauteur des espoirs qu'elle suscite? il est aujourd'hui possible de répondre à ces questions. On dispose de tout un arsenal de recherches : sur l'état moral et psychologique des gens riches, sur les relations entre le niveau de revenus et le taux de bien-être. Voici ce que nous apprennent ces études.
Jack
Whittaker , un américain de 55ans, s'est arrêté un jour de décembre
2002 dans le supermarché de la petite ville de Hurricane pour se payer
un sandwich. Au passage, il en profita pour acheter un bille de loterie.
Le 26 décembre, le tirage lui attribuait le plus gros gain jamais
réalisé dans toute l'histoire des jeux d'argent : 315 millions de
dollars!!!!
Deux ans plus tard, Jack faisait de nouveau la une des journaux,
mais pour de tout autres raisons. D 'abord comme victime: il s'était
fait dérober une grosse somme de liquide qu'il gardait dans sa voiture
après avoir été drogué par ses fréquentations peu scrupuleuses (on
apprit à l'occasion qu'il était devenu coutumier des casinos, clubs de
strip-tease et sex-shops). Puis il fut impliqué dans quelques délits :
conduite en état d'ivresse, agression contre une barmaid. Enfin la
tragédie s'abat sur sa famille. En 2005, sa petite fille Brandi est
retrouvée morte d'overdose. Un an plus tôt, c'était le petit ami de
Brandi qui avait été retrouvé mort dans sa propre maison.
Les déboires des gens riches ont quelque chose de rassurant.
La journaliste Thayer Cheatham Willis a recueilli de nombreux récits sur le Côté sombre de la richesse, 2003. Elle y décrit ainsi le cas de Sam, un jeune américain de l'illinois, à 21 ans,
il héritait de l'immense fortune familiale, le mettant à l'abri du
besoin pour le reste de ses jours. Oui mais voilà : Sam rêvait depuis
son adolescence de devenir un grand écrivain ou un journaliste célèbre.
Que lui a apporté la fortune? Tout ce qu'il voulait.... sauf de réaliser
son voeu le plus cher : devenir un grand écrivain. Car le talent ne
s'achète pas. Ces histoires individuelles ne sont pas forcément
significatives; elles relèvent du discours de compensation. Pour savoir
ce qu'il en est du bonheur des nouveaux riches, il faut dépasser les anecdotes et se pencher sur des données statistiques.
LE MIRAGE DU BONHEUR ETERNEL
Dans une étude ancienne, 1978, des psychologues avaient surpris en annonçant, statistiques à l'appui, que les gagnants au loto n'étaient pas plus heureux que les individus normaux. Et les gens "normaux' n'étaient eux-memes gu-re plus heureux que des paraplégiques! L'originalité de cette enquête avait été d'interroger les gens plusieurs années après qu'ils aient, pour les uns, gagné de très grosses sommes au loto et, pour d'autres, après avoir eu un accident les ayant cloués sur un fauteuil roulant.
Premier constat : pour les gagnants du loto, l'argent qui coule à flot apporte les premiers temps une réelle satisfaction, mais celle-ci s'estompe assez rapidement. Le bonheur de changer de condition est en effet soumis à un double processus d'érosion. Celui du temps d'abord. Un exemple simple aide à la faire comprendre
Réussir
le bac procure au lycéen un intense bonheur le jour du résultat, un peu
moins les semaines suivantes. Les mois et les années passant , le fait
d'être bachelier ne peut plus vous rendre heureux. De même le plaisir
procuré par l'argent ( confort, rencontres) tient à la nouveauté des
plaisirs qu'il procure. Mais leur renouvellement quotidien finit aussi
par lasser. On est heureux de retrouver ses amis lors d'une fête, on
savoure le fait de manger dans un grand restaurant ou d'acheter des
cadeaux pour ses parents. Mais si cela devait se reproduire tous les
jours, l'ennui et l'indifférence s'installeraient bien vite. Les
psychologues nomment ce phénomène 'lhabituation".
Le second facteur d'érosion du bonheur est encore plus implacable : la réalité n'épouse jamais nos rêves. Lorsqu'on se projette dans l'avenir pour imaginer une vie meilleure, on survalorise les plaisirs en gommant les désagréments.
- Le pauvre se voit riche : il pense que tous ses problèmes seront enfin résolus. Il pourra manger tous les jours à sa faim, assurer un avenir à sa famille et ses enfants, pourra prendre ses vacances et conduire une voiture, etc
- l'adolescent se voit adulte : il gagnera de l'argent sera indépendant et libéré de la tutelle des parents et des professeurs : enfin libre!!!!
- le salarié las de son travail, rêve d'une année sabbatique : il pourra écrire enfin le roman dont il rêve, assis à une terrasse dans la campagne.
La richesse ne permet pas d'acheter l'amitié : tout juste une cour de parasites. ( CF affaire Bettancourt )
La
quiétude alors? on se voit sur un yacht, longeant un lagon sur une eau
bleu emeraude... mais on oublie les coups de soleil, les moustiques, le
vent qui souffle un peu trop fort, l'ennui qui s'installe, l'envie de
faire autre chose.... Ecrire un livre? faire un film? S'épanouir dans
une activité créatrice? rencontrer un grand amour? Mais les années
passent et vous n'avez pas forcément rencontré la personne de votre vie
ou réalisé le projet qui vous passionne . Carl a richesse ne donne ni le
talent, ni la jeunesse, ni la joie de vivre. ¨Pour un peu, vous en
viendriez à vous lassez du luxe et à rêver avec nostalgie des joies
simples du passé: les années de bohème, les fous rires avec les amis;
les premiers baisers...
Oscar Wilde :"il y a deux drames dans la vie, celui de ne pas obtenir ce que l'on désire, et celui de l'obtenir".
Ce décalage entre le bonheur attendu et le bonheur effectif provient d'une erreur de perspective. Lorsqu'on anticipe sur le bonheur supposé des gagnants du loto, on confond la joie qui vous envahit sur le moment et la situation sur long terme. La bonne nouvelle, c'est que le désespoir lui aussi ne perdure pas. Les victimes d'accident de la route doivent savoir qu'avec le temps, la plupart s'adaptent et retrouvent leur niveau de satisfaction d'antan.
ALORS QU'EST CE QUI REND HEUREUX?
Le cocktail du bonheur
Existe-t-il un cocktail miracle pour être heureux ?La famille, le couple, le travail, l’argent... de nombreux éléments pèsent dans la balance du bonheur.
- La santé
- Le couple
- La famille
- Les amis
- Le travail
- L’argent
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